Au centre de cette histoire d’hommes, une femme : Billie Frechette, premier rôle américain pour Marion Cotillard. Son étrange lignée ne suffit hélas pas à en faire un personnage épais, profond, Marion Cotillard héritant d’un rôle hélas trop court (elle n’est présente que dans quelques scènes) et trop féminin pour n’être pas caricaturale. Amante de John Dillinger, elle se doit d’hésiter, de craindre pour son homme et d’en même temps l’aimer.
Rien que de bien logique dans un film finalement misogyne où la femme est une gentille potiche ou un serpent coupable.
La faute à un scénario hollywoodien assez prévisible mais heureusement pas vraiment manichéiste. Il suffit de voir les méthodes musclées employées par le FBI et le grand sentimentalisme de John Dillinger.

Le spectateur, des images plein les yeux, ne peut que jubiler. Michael Mann privilégie les gros plans sur les visages, un dynamisme au plus près de l’action et des émotions, avec parfois un bruit qui ajoute au réalisme, et dévoile au spectateur des instants de vie d’une vérité presque documentaire.

Pas de quoi bouder son plaisir non plus dans les clins d’œil aux personnages récemment incarnés par Christian Bale et Johnny Depp, plus particulièrement lors d’une scène de face à face où, si John et Melvin se font face, Jack Sparrow et Batman se défient, Christian Bale et Johnny Depp se jaugent. Les chuchotements, le regard fou et décalé de l’un, la grande rigidité gutturale de l’autre ne laissent aucun doute et donnent l’une des meilleures scènes du film.

A signaler aussi, des scènes d’action extrêmement bien faites et un beau suspense : la fusillade de nuit, suivie d’une poursuite dans la forêt fait autant perdre sou souffle au spectateur qu’à John Dilligner, même si elle fait naitre un regret. Melvin s’entoure en effet de shérifs de l’ouest pour pourchasser l’ennemi public numéro 1, sans que le spectateur puisse mieux les découvrir. Melvin et John se partagent le film, avec peut-être un désintérêt trop marqué pour certains personnages secondaires.

Michael Mann s’octroie une belle déclaration d’amour au cinéma de gangsters : un film de deux heures et treize minutes, entrecoupé de quelques séances de cinéma avec peu avant le dénouement une mise en abyme un peu lourde mais fortement explicite.
On retiendra plutôt ces actualités cinématographiques, où le FBI, pour traquer le crime, demande aux spectateurs de tourner la tête à droite, à gauche, pour peut-être repérer le braqueur de banques John Dillinger dans la salle !

Note du film Public Enemies : 8/10
Le film, s’il est une réussite esthétique est un peu long.
Le plaisir de retrouver deux stars masculines est grand, celui de découvrir les premiers pas de Marion Cotillard à Hollywood plus nuancé : en bons français, on aurait aimé davantage de répliques et un rôle moins tiède.