Le film Paintball bénéficie d’une mise en scène efficace et vivante : les plans mouvants condensent les respirations de la forêt et des protagonistes, tout en construisant une atmosphère d’incertitude, une sensation d’être traqué.
La caméra joue également effrontément avec les plans voyeuristes : le spectateur, bien souvent, troque sa proximité avec les héros pour devenir observateur lointain, caché derrière les buissons, à la place du tueur. Une ambivalence se crée, un certain malaise se met en place durant le visionnage, jusqu’à l’apothéose où les spectateurs diégétiques envahissent le film.
Daniel Benmayor cherche à déstabiliser le spectateur, à lui faire prendre conscience de l’horreur de sa place d’observateur, de voyeuriste, sans pourtant provoquer un vrai déclic. L’expérience ne fonctionne pas à plein, la faute peut-être à une démonstration trop lourde dans laquelle l’omniprésence des miroirs martèle sa connivence avec l’écran de cinéma, ou à des spectateurs diégétiques trop lointains, comme inhumains.

Les héros ne semblent pas tellement plus proches : le problème majeur du film Paintball réside dans une identification du spectateur aux personnages très faible. Nombreux au départ, il est difficile de tous les distinguer. Les dialogues ne permettent pas vraiment de mieux les connaître : concentrés sur l’action, ils occultent toute possible vie des protagonistes en dehors du jeu, et jusqu’à tout besoin puisque tels des robots ces personnages n’ont jamais faim et ne dorment pas non plus.

Le traitement de l’horreur humaine reste assez basique : comme dans des films comme The Descent et sa suite, l’équipe découvre bien vite que la menace interne au groupe est aussi dangereuse que la menace externe.

Paintball cultive le voyeurisme et l’atmosphère malsaine de Saw, innovant dans une seule chose : la couleur, puisque le responsable, masqué, est muni d’une caméra qui donne au sang une étrange couleur blanche ; un blanc de peinture, irréel et visqueux, qui aurait pu inviter à reconsidérer les codes de l’horreur, s’il n’avait pas été en marge du récit et de la mise en scène.

Je remercie Wild Side pour m’avoir permis de découvrir le film Paintballsur grand écran.