Au niveau du personnage principal, exit Amélie, Malthilde, et donc Audrey Tautou. Un petit nouveau trouve sa place dans l’univers farfelu de Jean-Pierre Jeunet : Dany Boon, qui joue le rôle de Bazil, un jeune homme prêt à tout pour un monde sans arme parce qu'il vit avec une balle perdue dans le front et a perdu son père à la guerre.
Le traitement est résolument burlesque : dans Micmacs à Tire Larigot, les méchants, caricaturaux et furieux, font collection des rognures d’ongle de Churchill et de l’œil de Mussolini, ou ne passent leur temps qu’à regarder la télévision.

Tire Larigot, le spectateur le découvre vite, n’est pas un village perdu dans la campagne. Il s’agit d’un micro-quartier de Paris, situé dans une déchetterie. A cette trouvaille étonnante, suit une découverte encore plus originale : une famille recomposée vit dans une immense et magnifique maison faite de bric et de broc. Avec de la récupération, on peut faire des choses merveilleuses : un château, et métaphoriquement une famille prête à s’entraider coûte que coûte.
Les personnages éclectiques qui peuplent Tire Larigot, ont chacun un talent à eux, un talent infime ou qui peut sembler inutile, mais que le scénario rend presque toujours essentiel. La contorsionniste (Julie Ferrier) tient dans un paquet surprise ou une bouche d’aération, Remington (Omar Sy) emploie son dictionnaire de proverbes pour traiter avec les deux directeurs des usines d’armes dans des scènes à chaque fois cocasses à souhait, Calculette (Marie-Julie Baup) a un compas dans l’œil, Fracasse (Dominique Pinon) est l’homme canon, etc.

Jean-Pierre Jeunet connaît aussi la beauté du silence et de l’art pour l’art, avec le personnage muet de Petit Pierre (Michel Cremades, très touchant), un inventeur talentueux qui crée à partir de bouts de tôles des marionnettes aux mécanismes très humains.

Pourtant, Micmacs à Tire Larigot malmène l’une des pièces maitresses qui fait d’un film un chef d’œuvre : l’histoire, ici trop basique, qui tient seulement dans la vengeance d’un être faible et simple qui s’attaque à deux directeurs cossus. Dommage…

Note Micmacs à Tire Larigot de jean Pierre Jeunet : 8/10
Tout est plaisant dans Micmacs à Tire Larigot : les personnages burlesques et caricaturaux (les méchants), les personnages étranges et sensibles (la bande à Tire Larigot), la mise en scène- feu d’artifice, l’amour de l’image et des mots.
Seule l’histoire fait figure de parent pauvre. C’est la pièce manquante du film, disparue un jour sans rien dire, comme la mère du petit Bazil.


Bande annonce Micmacs à Tire Larigot