Martha Marcy May Marlene fait partie de la catégorie étroite des films qui provoquent le malaise en continu. Le réalisateur Sean Durkin choisit une construction parsemée de flashbacks pour montrer la vie dans la secte. Le présent, plus rassurant, reste pourtant troublant : Martha a du mal à se réhabituer à une vie "normale" et développe peu à peu une paranoia, craignant que les adeptes de la secte ne la retrouvent.
Les allers retours du passé au présent et inversement sont de plus en plus troubles, avec souvent des jeux de mise en scène qui donnent l'impression que présent et secte vont se rencontrer. C'est quelquefois un peu artificiel, d'autres fois très bien fait. Lorsque Martha nettoie le sol par exemple, et qu'on pense tout de suite à l'environnement de la secte pour découvrir qu'il s'agit en fait de la maison de sa soeur, on comprend que Martha, prisonnière de son passé, rejoue le quotidien qu'elle vivait dans la secte.
Au niveau du scénario, le film pâtit d'un moment de vide au milieu de l'histoire, accentué par la sensation de vide et la mélancolie éprouvée par le personnage principal. On peut même avoir cette sensation, étrange, d'un scénario qui hésite, se cherche, ne sait plus comment avancer.

photo elizabeth olsen

Elizabeth Olsen rayonne dans ce film à la fois lumineux et naturel.
Lors des flashbacks, l'horreur de la secte se dévoile insidieusement, petit à petit : on peut penser au départ à une communauté du type des mormons, retranchée sur des valeurs plus proches du XIXème siècle que du XXIème siècle.
Viennent ensuite tous les travers possibles de la secte : l'esclavage des femmes, les viols, les préceptes, l'argent demandé aux familles, l'instrumentalisation des femmes et même le meurtre. Et en même temps, des passages extrêmement déroutants, comme le moment où Patrick (John Hawkes) joue de la guitare et chante une chanson dédiée à Marcy May (le nouveau nom de Martha) : une chanson plutôt jolie, aux paroles hypnotisantes et effrayantes sur la femme comme simple image.

martha marcy may secte

Mon avis sur Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin, le 29 février au cinéma : 8/10
Martha Marcy May Marlene est un beau film américain indépendant, qui n'est pas sans rappeler quelquefois des films comme Winter's Bones, Funny Games ou Virgin Suicides. Le film distille une atmosphère de malaise avec efficacité et met sous les projecteurs une actrice prometteuse : Elizabeth Olsen. Attention cependant, Martha Marcy May Marlene est un peu le contraire du "film sourire". A voir quand on est en forme donc.
Et la fin s'avère assez décevante, prenant l'exemple sur des dizaines de films qui ont choisi de se terminer à un moment où, justement, rien n'est encore terminé.
Le film a déjà eu quelques récompenses, dont le prix de la mise en scène au Festival de Sundance.


Bande annonce Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin, le 29 février au cinéma