Problème : il est encore plus complexe de prétendre au cercle fermé du film culte en partant d’un livre déjà culte. L’adaptation d’Harry Potter en est un exemple parmi d’autres.

Et Lucky Luke, en terme d’adaptation, n’arrive pas même à la cheville d’Harry Potter. Le principal responsable : le secteur des dialogues, ratés du début à la fin. Entre les blagues qui ne fonctionnent pas, comme un patch (apache) pour expliquer que Lucky Luke ne fume pas, les anachronismes et la vulgarité de certaines répliques, il n’y a rien à sauver.
Du côté de l’histoire, terrible mais vrai : on s’ennuie. L’intrigue est décousue, sans grand intérêt, et une fois encore, une observation de la salle est nécessaire pour essayer de rester éveillé.

Jean Dujardin en Lucky Luke ne convainc pas. Son jeu est trop proche de ses personnages précédents, comme Hubert de la Batte, pour rendre crédible la légende de l’Ouest, que James Huth s’attarde à moquer sans esprit plutôt qu’à vénérer. Les fans de la BD crieront au scandale, les amoureux de Shakespeare crieront au carnage. Imaginez Jesse James, caricatural à souhait, déclamer des extraits d’Hamlet ou du Marchand de Venise… Il y a un petit air de Wild Wild West au final, version ratée. James Huth prend ça et là toutes les influences qu’il peut, pour arriver à un film insipide où chaque saveur a anéanti l’autre.

L’unique intérêt de Lucky Luke, c’est sans doute l’esthétique, très soignée, dans la docile référence à la mise en scène des westerns passés. Il y a Calamity Jane (Sylvie Testud) aussi, le seul personnage vraiment attachant.
Billy the Kid (Michael Youn) fera peut-être rire les enfants de moins de 7 ans, Pat Poker (Daniel Prévost) le grand méchant les effrayera sans doute un peu. Le rôle caricatural d’Alexandra Lamy (son personnage s'appelle quand même Belle) est d’une rare niaiserie, hormis sa première apparition chantée à la Marilyne Monroe. Lucky Luke nous offre une galerie de personnages secondaires fadasses et caricaturaux...
Comme souvent, ce type de films oublie que le succès narratif, esthétique et public d’un film ne dépend pas seulement du choix d’un livre culte et d’un panel d’acteurs célèbres ultra-déguisés.


Note Lucky Luke 3/10
Les trois points vont au décor, et à la beauté de plusieurs plans. L’esthétique est réussie, et reprend assez habilement les clichés du genre, comme la porte ouverte sur la wilderness ou encore le cow boy seul à cheval dans une étendue désertique.
Le film pâtit de l’absence de deux figures cultes de la BD : Rantanplan et les Daltons, qui d’un autre côté, échappent au carnage.
La solution, la voici peut-être : considérer Lucky Luke comme un film muet, c’est-à-dire couper tout dialogue et le voir un soir de semaine, quand il sera diffusé à la télévision.


Bande annonce Lucky Luke, James Huth