Ce film de 1932 reste une source intarissable du cinéma d’horreur et du cinéma d’action.
Battle Royale, avec l’île comme vase clos et la thématique de la lutte pour la vie fait référence aux chasses du comte Zaroff dans le type d’arme utilisé : si Zaroff a l’arc et le fusil, Robert Rainsford (John McCrea) n’a qu’un couteau, et le film japonais prolonge cette inégalité jusqu’au comique avec la casserole comme arme.
Quant à la saga James Bond, elle emprunte avec régularité les spécificités du comte Zaroff pour créer les ennemis de Bond : de belles manières, accompagnées d’une tare physique (la cicatrice de Zaroff, les larmes de sang du méchant Le Chiffre dans Casino Royale). Ajoutons à ces premières caractéristiques un fort accent étranger et toujours un beau brin de folie. Cerise sur le gâteau : une demeure plus qu’originale puisque le comte Zaroff vit reclus sur un île, dans un château à la collection extravagante de têtes humaines.

Le film est très court (58 minutes) et distille au son et à l’image suspense et tension : l’arrivée chez le comte, soulignée par une musique étrange et les paroles à double sens d’Eve Trowbridge (Fay Wray), cultivent une atmosphère mystérieuse, que le brouillard des marais prend ensuite en charge, dans des scènes d’une beauté visuelle remarquable.

Les Chasses du comte Zaroff, comme de nombreux films du début des années 1930, sont la démonstration vivante du passage du muet au parlant : certains plans, destinés à montrer les émotions des personnages, ou à jouer sur la brume et les paysages se rattachent facilement à l’esthétique du muet, tandis que les dialogues rappellent la révolution du parlant.
A ce titre, Les Chasses du comte Zaroff est un film dynamique et visionnaire, démontrant à la fois que le cinéma comme art de l’image et du montage survivra, tout en intégrant les caractéristiques du son.


Le DVD propose au spectateur deux bonus :
- une présentation du film par Serbe Bromberg.
On apprend entre autres que le film a été tourné presque en même temps que King Kong, et qu’il a d’ailleurs été un test avant la sortie de King Kong en salles. Le studio utilise donc des décors identiques dans les deux films, ou encore les mêmes acteurs : Fair Wray par exemple, joue dans Les Chasses du comte Zaroff et dans King Kong.
A cette époque, un nom est également très important chez RKO : David O’Selznick, qui est considéré comme l’un des plus grands producteurs américains de l’histoire du cinéma.
- une version colorisée du film Les Chasses du comte Zaroff pour les personnes réfractaires au noir et blanc.

Je remercie les éditions Montparnasse pour m’avoir permis de découvrir Les Chasses du comte Zaroff dans son intégralité.