Le temps suspendu est un joli petit roman qui se lit d'une traite et fait découvrir au lecteur des personnages hors normes pour la société, entre-deux, quand les mères dans la rue promènent des bébés aux joues rebondies.

Dans ce temps suspendu, Maria se souvient. Des souvenirs d'enfance, d'adolescence, des instants passés avec ses parents. Face au futur inconnu de sa nouvelle famille - Irène et elle-même-, le passé est une réalité a laquelle se raccrocher, tout comme les cours du soir qu'elle donne.

Le Temps suspendu est un roman sur l'apprentissage d'une langue : l'italien. Maria prépare des étrangers et des camionneurs à passer le brevet. Leur grande force physique côtoie dans l'écriture la fragilité d'Irène. Cette immersion dans une classe très particulière permet au livre de ne pas se complaire dans le drame qui se joue pour Maria et Irène : l'émotion n'est jamais artificielle et jamais surjouée.
Pourtant, le style de Valeria Parrella évite ce piège de lui-même, sans que l'intrigue nécessite une si grande importance des personnages comme les élèves.
En effet, happé par l'attente, le lecteur n'a qu'une envie : savoir si Irène va s'en sortir.

L'écriture, légère et aérienne, est comme Irène, fragile et nouvelle. Elle apprend, à respirer, à émouvoir. L'empathie pour les personnages, instantanée et naturelle traverse le roman du début a la fin.

On regrettera simplement que Le Temps suspendu soit si court (le livre s'il est très fourni au niveau de l'intériorité du personnage, ne décrit peut être pas assez la ville de Naples et la vie en Italie) tout en s'interrogeant sur le futur d' Irène.
Et la suite elle est où ?


Extrait : Le Temps suspendu de Valeria Parrella, p 37

"Quand on lui avait montré son bébé pour la première fois, la troisième maman s'était recroquevillée contre le mur et avait dit :
- On se croirait dans un film de... tu sais...
- Mais encore ?
- Celui qui fait toujours des films super angoissants.
J'avais recoupé son accent d'Ischia avec son âge, et proposé :
- Hitchcock ?
- C'est ça.
Maintenant, elle regardait le tableau suspendu à la couveuse, essayant de comprendre à quoi correspondaient les chiffres sous chaque pic. Puis elle regardait autour d'elle : la deuxième maman, la première, moi, et se demandait pourquoi nos couveuses n'avaient pas le même tableau.
- Somme toute, on a un sacré bol, avait-elle déclaré."


Le Temps suspendu est paru en avril 2010 aux éditions du Seuil.
Merci à Chez les filles pour cette découverte.