L’arrivée de Catherine Frot dans l’univers de Dupontel est une excellente surprise. Elle incarne dans le film la mère du vilain, une vieille femme qui n’est jamais blessée ou malade et commence à s’interroger sur son sort : pourquoi Dieu ne veut-il pas d’elle ?
La réponse, elle finit par la trouver : pour avoir une chance de vivre comme tout le monde, il faut remettre son fils (le vilain joué bien sûr par Albert Dupontel) dans le droit chemin.

Car le fils adoré, elle le découvre, est un fieffé menteur et un sacré filou sur lequel on tire dessus sans cesse puisqu’il braque des banques après avoir, plus jeune, braqué les enfants pour piquer leur nounours.

Le duo d’acteur est épatant : Catherine Frot, magnifique, est émouvante, fragile et paradoxalement immortelle, Albert Dupontel sait donner à son personnage la folie, un cœur froid, que sa mère tente de ranimer, de manière quelquefois très extrême, comme lors de la scène du thé où le lait se transforme en poison !

Le comique de répétition, dans Le Vilain, fonctionne à plein, toujours dans les malheurs cartoonesques du vilain et la chance prodigieuse de la mère qui survit à tout : les tirs font mouche toujours à l’épaule pour lui, une tortue ne cesse de l’assommer pour se venger, tandis que la mère survit à un carambolage ou encore une chute dans les escaliers suivie d’un ensevelissement sous une horloge !

Pour s’occuper des bobos du fils, un médecin parfaitement irrésistible qui extraie les balles, hésitant au début puis très sûr de lui, à grands renforts de bouteilles d’alcool à 90 et d’outils médicaux datant d’il y a plusieurs décennies. Les méthodes sont drôles et terrifiantes, à la fois dépassées et surréalistes : Doc William (Nicolas Marié) est un médecin qui restera dans l’histoire du cinéma français pour avoir enlevé une balle d’une épaule, mais d’un mur aussi !

Niveau mise en scène, la marque Dupontel est bien là : plans qui choisissent de montrer ce que voit la tortue, et qui ressemblent à ce que pourrait voir un personnage qui a trop bu, ou encore gros plans sur les visages, déformés par les angles choisis.

On peut juste reprocher au film Le Vilain son intrigue minimale et prévisible : comment une maman bien rangée va-t-elle pouvoir remettre sur le droit chemin un fils braqueur de banque et tout simplement méchant, tout en sauvant son quartier ?


Mon avis sur Le Vilain : 7,5/10
Albert Dupontel s’est assagi si l’on compare Le Vilain à Bernie ou à Enfermé dehors, sans pour autant perdre la force de son cinéma : un rapport au cartoon et à l’absurde évident, des types de plans ou de mises en scène inhabituelles et déformantes.
Les sentiments viennent ici s’ajouter à l’esthétique stylisée. On en redemande.