La Ville insoumise, c’est le récit de ce cocktail original, situé au cœur d’un Moscou riche en saveurs. C’est le seul intérêt du livre : une description des odeurs de la ville et des moscovites, sans oublier un topo sur les habitudes alimentaires du pays.

La Ville insoumise est un thriller, à ranger dans la catégorie des thrillers ennuyeux.
Tout se corse dès les premières pages. Jon Fasman ne facilite pas l’entrée dans son livre : le premier chapitre commence dans une prison où les noms russes se succèdent. Difficile, pour le lecteur, de retenir les identités. Survient le héros : Jim Vilatzer, sans charisme aucun, qu’on suivra sans grand intérêt dans les méandres de sa vie moscovite.
Jim ne sait rien et ne comprend rien, nous voilà brinquebalés avec lui dans un enchevêtrement d’actions si lointaines que les mots CIA, armes chimiques, descendants russes, n’évoquent qu’un horizon bien vague.
Au final, l’intrigue est faible, les indices inexistants : la lecture reste passive, sans tension ni suspense. Jon Fasman choisit des munitions en plastique : décevant peut-être, mais à l’image de son thriller en carton pate, qui reste à la surface des choses et des êtres.


EXTRAIT

Je vous propose en extrait la première page, n’ayant pas trouvé pendant ma lecture un passage que j’ai aimé, que ce soit au niveau de l’histoire ou au niveau du style.

« Lorsque la porte de l’hôpital se referma derrière lui avec un bruit métallique, lorsque la grille qui menait à l’aile trois s’entrouvrit avec lenteur et force grincements, Yegor Semionovitch Glazov hésita. Quand déclencher le compte à rebours ? A quel moment précis ? Même s’il n’occupait qu’un poste de surveillant à la prison de Bouriatinski et n’avait jamais atteint le grade d’officier, ses études lui avaient appris qu’on peut toujours ajouter un à l’infini. Ce qui l’intriguait, en réalité, c’était le nombre de secondes qu’il lui restait à vivre.
S’il démarrait à soixante, tiendrait-il jusqu’à zéro ? Jusqu’à dix ? Trente ? Trente, pour sûr, s’il prenait ses jambes à son cou. Et s’il se défilait sous le prétexte qu’il était seul, désarmé et hai de tous, arriverait-il à se regarder dans le miroir ? Vingt, peut-être, conclut-il. Vingt, voilà un bon compromis. Un maton qui avait survécu de l’autre côté près d’une demi-minute, on ne l’oublierait pas de sitôt. »


Je remercie Chez les filles pour m’avoir permis d’en savoir plus sur les habitudes et les coutumes de Moscou.
La Ville insoumise est disponible aux éditions du Seuil.