La Tête en friche part d’un bon sentiment : montrer comment la lecture peut créer une amitié et subsiste comme rite de passage, de transmission, qu’on se remet de génération en génération. C’est Magueritte (Gisèle Casadesus, très bien), 90 ans passés, qui va donc initier Germain (Gérard Depardieu, pas mal) à la lecture.
Deux choix visuels se présentent : préférer filmer les visages de Germain et Margueritte ou laisser voir ce que Germain imagine dans sa tête, en entendant les mots de Margueritte. Jean Becker privilégie la première solution, avec raison, car les quelques essais pour entrer dans l’imagination de Germain (les rats qui affluent dans la ville) n’apportent pas grand chose.
Le problème véritable de La Tête en friche tient en un mot : le bar. Le bar du coin, petit bistrot, avec son lot de personnages caricaturaux et bruyants, d’amourettes creuses, le tout avec un jeu d’acteur souvent très moyen.
Du populaire : il y en a beaucoup dans La Tête en friche, et ce n’est pas la thématique dans laquelle Jean Becker est ici le plus à l’aise. On donne des noms aux pigeons, les mots croisés et les mauvais jeux de mots affluent. On avalerait presque de travers.
A l’opposé, la relation entre Germain et les femmes intéresse : Sophie Guillemin, en chauffeuse de bus douce et attentive réussit à apprivoiser Germain, dont la mère (Claire Maurier) acariâtre et malade, semble le détester depuis toujours. Des flashbacks expliquent le début des tensions, et puisque les scènes du bar font sans cesse retomber l’empathie pour les personnages, on aurait préféré avoir davantage de retours dans le temps ou de scènes de lecture.
La Tête en friche, c’est en fait l’histoire de Germain avec les femmes : sa mère, sa petite amie, son amie Margueritte, le tout sans très grande émotion, avec des dialogues pas toujours spontanés, mais malgré ces défauts, un timide vent de séduction plane.
Mon avis sur La Tête en friche de Jean Becker : 5/10
La Tête en friche, c’est la rencontre d’une érudite avec un homme simple qui s’est toujours cru bon à rien dans les études et a rejeté les livres : une idée émouvante et séduisante. Mais une bonne idée ne fait pas toujours un film très réussi.
Bande annonce sur La Tête en friche de Jean Becker
17
juin
La Tête en friche : grand écart entre le bar du coin et La Peste de Camus
Par Ariane le jeudi, juin 17 2010, 20:59 - Films à l'affiche
Peu de films à l’affiche sont consacrés à la lecture. Après The Reader il y a quelques temps, La Tête en friche prend en charge le patrimoine littéraire français avec des lectures de livres comme La Peste de Camus ou La Promesse de l’aube de Romain Gary.
Les deux films peuvent paraître très différents l’un de l’autre, mais se ressemblent néanmoins dans la thématique : la lecture et un couple dans lequel la femme est plus vieille et prend le rôle de l’initiatrice.
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7/10
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- Plus basse : 7
Commentaires
Bonsoir, si je peux me permettre une remarque: la Peste n'est pas de Proust mais d'Albert Camus. A part ça, je trouve que le duo Depardieu / Casadesus est délicieux. Ils ont l'air de vraiment s'entendre. C'est un film qui fait du bien. Bonne soirée.
@dasola : Merci Dasola, c'est comme qui dirait un lapsus révélateur. Le film m'a un peu fait penser à l'étranger de Camus, à cause de la mort de la mère.
Tu as oublié de parler du merveilleux, splendide et choupinou chat! Qui joue quand même un rôle important!!! Sinon, je suis d'accord avec toi, le film part d'un bon sentiment mais il peine à faire rêver et c'est cousu de fil blanc (paf, la maman meure, et boum la petite copine enceinte et vroum vroum on va chercher Margueritte "avec deux t"...)
@Solène : C'est vrai, tout est très attendu... Mais c'est mignon et le chat est chou effectivement.