Plus original encore, L’amour à la lettre A est en même temps un livre dédié aux amoureux des livres, même si quelquefois, le trop grand nombre de références peut alourdir la lecture. A la dernière page du livre, la lectrice comprend : L’amour est à la lettre A est une histoire d’amour particulière et en même temps une somme, une étude subjective et passionnée sur les romans d’amour dans la littérature.

Emma, quinquagénaire, vient d’ouvrir à Milan une librairie consacrée à l’amour : Rêves et Sortilèges. Aidée de son employée Alice, de son comptable Alberto, la librairie évolue, s’agrandit, avec un salon de thé et un hôtel. En même temps, Emma retrouve son premier amour : Federico, installé à New York mais revenu quelques jours à Milan pour affaires. Une relation épistolaire débute, ponctuée une fois par an d’une semaine passée à Belle Ile en Mer où les amants se retrouvent.

Le pari de L'amour est à la lettre A est là encore osé : proposer une histoire d’amour entre quinquagénaires, une renaissance d’un amour adolescent. Une héroïne mure et mature, ça ne se trouve plus très souvent dans les romans d’amour qui privilégient généralement l’adolescence ou la trentaine.
Emma, au fil des pages, devient de plus en plus attachante : d’une femme effrayée par l’avenir (les nouvelles technologies, l’amour), elle devient peu à peu l’un de ces personnages qu’on n’oublie pas. La raison : Paola Calvetti propose une écriture visuelle qui dépoussière le genre épistolaire.


Il n’en est pas de même pour Federico, l’amant architecte passionné par la Morgan Library à New York… Plus passif, plus sombre, il vit en fait à la dérive, essayant de se raccrocher à son projet d’architecte. Finalement, les deux héros ont un point commun : chacun sa librairie. Et ces librairies, sujet principal des lettres, tracent une priorité qu’on n’attendait pas : le lieu des livres prime sur l’histoire d’amour. Et pourtant en même temps, Federico c'est la Morgan Library, et Emma c'est Rêves et sortilèges.
Mattia, le fils d’Emma et Alice, sont les deux personnages secondaires les plus sympathiques, chacun à la recherche de l’amour, et liés à Emma comme à la librairie.

Le choix de ne pas traverser l’Atlantique pour aller à la rencontre de Sarah et Anna (Anna, la femme de Federico, est absente de ces lettres, sauf une fois quelques lignes) est salutaire : c’est Emma qui nous intéresse, Emma et sa librairie.
Une librairie en réalité dans la mouvance et diablement efficace. Qui a dit qu’on ne pouvait pas gagner sa vie dans une librairie de quartier, tout en privilégiant la convivialité ? « Les après midi d’Emma » réunissent des lecteurs qui viennent partager des extraits qu’ils ont apprécié. Emma n’hésite pas à parler de clients étranges et attachants, comme cet homme qui vole les livres, ou cet autre qui aime lire tout l’après midi et part sans rien acheter.

L’amour à la lettre A de Paola Calvetti est une découverte en bref rafraichissante. Un joli roman pour les grandes vacances, et pour le train... Petit clin d'oeil personnel à Emma.


PS : Je rencontre Paola Calvetti ce soir, grâce au site Chez les filles. J’espère pouvoir vous en parler demain. Et avoir mon exemplaire de L'amour est à la lettre A dédicacé !