Dans ce film choral entre le Canada et Paris, les liens se nouent, les histoires se tissent.
Il y a ce psychologue âgé (Max interprété par Michael Lonsdale) qui va revoir Fanny (Monique Chaumette), son amour de jeunesse après des décennies, vieillie mais rose et enfantine, Julia malade (Carole Bouquet) et ses deux filles, un écrivain d’une rare méchanceté (Pierre Arditi), en panne d’inspiration et obsédé par ses livres précédents (Où sont-ils disponibles ? Sont-ils bien visibles dans les étalages ?), Clara, une petite fille bien mature pour son âge, qui aimerait aider son papa (Patrick Mille) à trouver une princesse, le groupe de copines rafraichissantes et soudées, etc.

De nombreux destins se croisent, et si le grand nombre de personnages laissait présager une esquisse, un manque de profondeur pour chacun, le résultat est inverse. Ils font pleurer, ils font rire.
Amanda Sthers avec Je vais te manquer réussit même le pari fou d’émouvoir la salle avec une première scène d’une belle authenticité et d’une rare poésie. Les images sont émouvantes, piquées, lumineuses, dansées. Deux petites filles jouent ensemble. Simple et facile, mais beau.
Si les personnages ont cette profondeur, le casting n’y est pas non plus étranger : Carole Bouquet, Pierre Arditi, Michael Lonsdale, Fred Testot sont d’une justesse parfaite.

Si Je vais te manquer est un drame, l’humour ne s’est pas pour autant absenté. Pierrot (Fred Testot) fan de Jack Bauer, reproduit chez lui les scènes de la série, pour au petit matin rappeler à sa troupe de vigiles que le monde est entre leurs mains ! Fanny, après une coupe violette et bouclée chez le coiffeur revient à la coiffure habituelle pour entendre son coiffeur la comparer à des dessous de bras ! De l’autre côté de la mer, son amour de jeunesse passe sa vie de retraité à exercer son métier de psychologue (un voisin, lui-même dans une scène d’une rare drôlerie, Pierrot qui l’interroge sur sa barbe et ses fleurs avant de lui raconter toute sa vie).

Peut-être plus banal, tout ce petit monde se rejoint à l’aéroport. L’aéroport, c’est la rencontre amoureuse, ses possibles, ses impossibles, un amour quelquefois disparu pour deux regards qui se ratent, se suivent plutôt qu’ils ne se mélangent. Mais à l’aéroport, on trouve aussi son prince charmant grâce à une magnifique méprise, on jette un dernier regard à sa fille avant de la voir partir.

Le danger de Je vais te manquer repose sur le pathos. La trop grande émotion. Des sentiments trop hauts, sans justesse. Amanda Sthers évite le piège avec une facilité déconcertante. Ses adjuvants ? L’humour, des acteurs prodigieux et des dialogues ciselés.


Note : Je vais te manquer, 9/10
Un film choral pour tout public ne correspond pas vraiment à mon univers cinématographique favori… Mais j’ai été bluffée, et je ne trouve tout simplement rien à reprocher au film, à part une chose peut-être : les décisions de Julia (Carole Bouquet) à la fin du film, entre transformation de l’échange en don et mise en scène du dénouement (expressions abstraites, pour ne pas trahir le film).

Le résumé du film Je vais te manquer est très mal fait. Ce n’est vraiment pas ce qui peut à mon avis donner envie de le voir. Suspense à deux francs, trop de questions, banalités… Tout ce que le film évite avec une rare adresse.


Bande annonce Je vais te manquer