Un jour, le marchand de jouets de la gare lui confisque le manuel de l'automate. Hugo n'aura plus qu'un but : récupérer le manuel.
Et, miracle de noel en quelque sorte, dans cette gare, et dans cette histoire, le cinéma va s'inviter. Hugo Cabret est en effet un hommage au cinéma des premiers temps : le cinéma muet, inventé par les frères Lumières, d'abord captation de la réalité avant de devenir entre les mains de Meliès une machine à rêves. Tout dans le film de Scorsese, peut se regarder à la lumière des tous premiers films : un rêve que fait Hugo (le train qui ne s'arrête pas et fonce dans la gare, clin d'oeil à L'arrivée du train en gare de la Ciotat, dont l'on voit par deux fois les premiers spectateurs effrayés de voir à l'écran un train foncer sur eux), les solutions qu'il va trouver au cours de son aventure pour s'en sortir. La première demi-heure du film installe déjà dans l'ambiance : peu de paroles, un retour au cinéma d'antan, marqué également par les décors d'un Paris des années 1930.
Avec la couverture du conte, Martin Scorsese livre un film qu'on sent pourtant personnel, où le cinéma est une façon de braver l'interdit, partir à l'aventure, tout en faisant son propre apprentissage et toujours en rêvant.

hugo-cabret-acteurs
Le cinéma, c'est aussi l'aspect mécanique du tournage, avec l'atelier de Méliès ressuscité pour l'occasion. Cet amour pour la mécanique est l'un des fils conducteurs du film : il relie l'automate au cinéma, les personnages entre eux, et est le fer de lance de la jolie philosophie d'Hugo : réussir à réparer les êtres comme on répare les choses.
Il y a un peu du personnage de Pinocchio dans Hugo : un petit garçon qui peut faire des bêtises (voler, suivre des inconnus), sera enfermé, jusqu'au cauchemar de la transformation en automate, avec toujours la thématique essentielle de la mécanique.

Martin Scorsese n'a pas raté son casting : Asa Butterfield, qui joue Hugo Cabret, met le spectateur dans sa poche en quelques secondes en faisant d'Hugo un personnages émouvant et débrouillard. C'est Chloé Moretz qui lui donne la réplique (Kick Ass, Laisse-moi entrer) avec le rôle de la jeune Isabella qui va suivre Hugo dans ses aventures.
Doté d'un scénario intelligent, Hugo Cabret est la mise en scène d'un cinéma où la référence n'atténue pas l'originalité et la créativité. Comma la gare, Hugo Cabret est un film aux multiples facettes, où coins et recoins laissent la possibilité d'un nouveau visionnage avec de nouvelles découvertes.

On pourra bien sûr trouver étrange le fait que le film se déroule à Paris et que tous les acteurs parlent un anglais parfait. Il y a aussi ce petit côté mélodrame insistant, mais dans ce tourbillon du conte, on les oublie ou on les accepte très vite.

hugo cabret automate
Mon avis sur Hugo Cabret de Martin Scorsese : 9/10
En concentrant son intrigue dans une gare, Martin Scorsese redéfinit totalement un lieu qui n'est d'habitude que le départ d'une histoire, ou est très vite utilisé pour catapulter un héros dans une autre ville. Ici, la gare est le théâtre d'un conte, un lieu de cinéma qui va rejouer le cinéma muet autant qu'il se prête à la 3D.
S'il y a un film à voir pour Noël, c'est bien Hugo Cabret.


Bande annonce Hugo Cabret de Martin Scorsese