Le plus difficile quand on écrit une critique des livres de Franck Thilliez, c'est de savoir quoi dire et quoi ne pas dire, ses romans foisonnant de retournements de situation et d'actions en tout genre. Ne pas spoiler tout en écrivant une critique qui ne manque pas de contenu : l'exercice est difficile.

Gataca est donc la deuxième partie d'une réflexion sur la violence. Le Syndrome E relatait la violence à un niveau géographique. Gataca s'intéresse à la violence dans le temps, en remontant jusqu'à l'époque préhistorique et en créant une intrigue autour de l'ADN.
Eva Louts, une jeune thésarde est retrouvée morte dans la cage de Shery, un singe. Tout accuse l'animal mais Sharko découvre vite que le singe a simplement permis de camoufler un meurtre dont il n'est pas du tout responsable.

Avec Lucie Hennebelle, ils s'embarquent dans une intrigue effrayante : la jeune thésarde faisait des recherches sur le lien entre latéralité et violence. Son hypothèse : les gauchers sont plus violents que les droitiers. Leurs mouvements étant inversés à ceux des droitiers, les gauchers créaient en effet pendant les combats des effets de surprise. Si aujourd'hui la lutte pour la vie ne se joue pas avec une hache ou une épée, on retrouve encore de nombreux gauchers dans des sports de combat comme l'escrime.

La violence est-elle génétique ? Telle est la nouvelle question que se posent Franck et Lucie dans une atmosphère moins gore et moins glauque que les précédents romans de l'auteur. Bien sûr, on reste dans une intrigue de thriller : des morts terribles, des scènes de crime atroce. Mais c'est résolument sous le signe de la dépression et de la détresse psychologique que Gataca se pose.
Difficile de trouver une lueur d'optimisme dans ce roman qui met sans cesse en scène la destruction de la famille. Gataca est un livre sur la famille, au sens large comme au sens plus restreint, avec une lecture que je déconseillerais vivement aux femmes enceintes.
On retrouve Lucie et Franck avec grand plaisir pour plonger encore davantage dans leur vie, leur psychologie, leurs motivations. Ces deux personnages sont toujours aussi attachants et complexes. On les suit comme on respire.

Gataca, c'est un savant équilibre entre des personnages bien construits, une intrigue complexe qui mêle habilement scènes d'action et réflexion scientifique et une écriture noire et poignante.
Les passages plus romantiques que romanesques sont toujours assez caricaturaux, mais on pardonne l'auteur, d'autant qu'ils sont plutôt rares...

Lire un Franck Thilliez, c'est toujours avoir la bonne surprise d'une formule assez stable (héros qui enquêtent sur un passé et un présent poisseux et terrifiants, dans une intrigue où la médecine et la science ont leur importance et où les meurtres sont toujours violents et effroyables) déclinée sur différents thèmes toujours très fouillés, avec à chaque fois, au rendez vous, le suspense. Difficile de repousser le chapitre suivant au lendemain. Et en ce moment, c'est ce type de livres qui me plaît.