Close-Up est le film qui m’a fait découvrir l’univers de ce réalisateur : un univers épuré, où la fiction semble rejoindre constamment le documentaire.
Close Up est aussi un film sur le cinéma : il raconte l’histoire d’ Ali Sabzian qui se fait passer auprès d’une riche famille iranienne pour le réalisateur Mohsen Makhmalbaf.
On est dans la fiction, mais chacun joue son propre rôle : Abbas Kiarostami joue son propre propre rôle, tout comme Mohsen Makhmalbaf.
Au sein d’une narration composée de flasbacks et du procès de Sabzian, le spectateur est plongé au sein d’un questionnement sur l’artifice. Close-Up colle à son personnage : Close-Up, à de nombreux égards, peut ressembler à un documentaire, tout comme Sabzian se fait passer pour Mohsen Makhmalbaf. Alors, où sommes-nous exactement ? Dans le cinéma vérité ou le cinéma mensonge ?
Qui est Sabzian ? Est-il ainsi qu’il le décrit, un pauvre homme sentimental et passionné des arts ? Ou est-il plutôt un acteur qui ne sait pas être lui même, préférant être un réalisateur ou un sentimental désolé de l’escroquerie dont on l’accuse, c’est-à-dire systématiquement une personne qu’il n’est pas mais qui peut tirer de la situation présente une bien meilleure fin ?
Close Up est un film qui surprend, un film dans lequel il est difficile de rentrer : la mise en scène, épurée, apprécie les longs plans fixes et une grande partie des répliques revient à Sabzian.
Close-Up est alors un peu comme un monologue, une réflexion sur le cinéma et sur l’être humain, sans fioritures aucune, en gardant les caractéristiques dépouillées du documentaire. Concentration et réflexion sont nécessaires pour l’apprécier. Un film très différent, en somme, de tous les films que je vois en ce moment.
Extrait de Close-Up d'Abbas Kiarostami
Merci aux éditions Montparnasse pour la découverte de ce film atypique sur le cinéma.
Commentaires
Je trouve que le titre de ton billet synthétise très bien ce qu'est le travail d'Abbas Kiarostami, puisque lui-même dit : "Nous ne pouvons jamais nous approcher de la vérité, sauf en mentant."
Flirtant avec le documentaire mais sans cesse tiraillé par la fiction, jouant avec le mensonge pour mieux nous montrer ce qu'est la vérité...
Ça me rappelle une anecdote d'ailleurs : lors du tournage de son film "Où est la maison de mon ami ?" il avait besoin d'un plan dans lequel l'enfant -le héros du film- devait pleurer face à sa table d'écolier. Le jeune acteur ni parvenant pas : Abbas lui a piqué le dessin qu'il venait de faire, l'a déchiré sous ses yeux et lui a collé une baffe ! -> Ce sont donc des vraies larmes que nous voyons, des larmes documentaires qui font irruption dans un film de fiction...
@flilule : intéressante cette anecdote
Tu as l'air bien calée sur Kiarostami. Qu'as-tu pensé de Copie Conforme si tu l'as vu ?
Héhé. Il faut dire que j'ai eu Kiarostami au programme du bac, avec "Le Vent nous emportera"... En revanche, je n'ai pas vu "Copie conforme", seulement "le Goût de la cerise" et "Où est la maison de mon ami ?"
En fait on avait surtout étudié la figure atypique de ce réa et les contraintes liées à la censure iranienne : comment contourner les interdits ? Quels moyens utiliser autres que la métaphore? etc.
Je ne sais pas s'il est toujours aussi poétique et métaphysique dans ses films plus récents, mais j'avoue que j'ai assez envie d'en voir de nouveaux