Il se trouve que deux fois dans ma vie, je suis allée voir un comique au théâtre. Et les deux fois, c’était elle.

En ce moment, Anne Roumanoff joue son spectacle aux Bouffes Parisiens : « Bien plus que vingt ans ».
Pendant deux heures, c’est une avalanche de jeux de mots, d’un humour décapant et contagieux. Mon sketche préféré : celui de l’émission de télévision où Anne se transforme en présentatrice télé et interroge cinq personnes du public qu’elle a fait monter sur scène. Le thème de l’émission : « J’ai une sexualité débridée ». Le sketch est si drôle qu’il fait mal à l’estomac et aux joues. La conclusion, elle, est pleine de sagesse : par le rire, Anne Roumanoff vient de prouver qu’à la télévision on peut faire dire n’importe quoi.

"Bien plus que vingt ans" est le spectacle de la maturité assumée. Une maturité rappelée au tout début du one woman show, et distillée dans tous les sketches sous la forme de réflexions émues et amères. C’est la différence avec le spectacle précédent : une causticité qui va quelquefois jusqu’à la mélancolie, comme lorsque Anne se confie sur son amour des grands-mères, parce que la sienne n’a jamais pu la voir sur scène. Anne nous fait rire, elle se confie aussi, instituant avec le public une véritable relation d’amitié, sans oublier pour autant les sketches plus légers et les personnages loufoques et émouvants de son répertoire.

L’autre nouveauté réside dans la teneur politique de plusieurs sketches. Assise au bar, Anne est cassante de tous les cotés : à droite, comme à gauche, et c’est fait avec une intelligence et un humour irrésistibles. L’allure bicéphale du spectacle (personnages de l’humoriste et sketches proches des chansonniers) est une vraie réussite.

Anne Roumanoff est aux Bouffes Parisiens jusqu’au 10 janvier. Foncez !