Il y a Robin Renucci, le Marcel Proust mélancolique et philosophe, le chercheur de mémoire, l’enfant sensible, et c’est comme si Marcel Proust nous lisait son œuvre, avec patience et sagesse.
Il y a Xavier Gallais, le Marcel Proust mondain et moderne dans ses onomatopées et ses grands gestes. Avec lui, on rit. Le texte est savoureux. Ciselé. Les thèmes de l’homosexualité et les discussions festives divertissent. La lecture est dynamique, Xavier Gallais a tous les rôles : narrateur, personnages, et ça plait.
Il y a Bernadette Lafont, et les mondanités plus féminines de Cambrai : les potins de Françoise et tante Léonie, ou encore l’extrait du soulier rouge, savoureux. Mais lire A la recherche du temps perdu est peut-être une affaire d’homme. Il est plus dur de se laisser aller à l’histoire et au rythme des mots.

A la recherche du temps perdu se consacre d’ailleurs exclusivement à ces mots, et aux lecteurs. La scène est vide, laissant au spectateur toute possibilité d’imagination. La sobriété, le respect du texte, sont assumés à la perfection pour un spectacle qui ravira les connaisseurs de Proust et les intellectuels.
Court (1h30), ce spectacle est aussi parfait pour une première découverte du monde de Proust.

Une touche d’originalité aurait pourtant pu égayer A la recherche du temps perdu : l’œuvre de Proust est bien loin de la scène noire et vide que nous propose le théâtre Comédie des Champs Elysées.
La sobriété devient vite austérité, par respect peut-être mais je me plais à imaginer Xavier Gallais raconter les mésaventures du couple Charlus et Jupien allongé sur un lit avec de gros oreillers, brandissant les feuilles du texte et laissant libre cours à sa voix et ses gestes.
Une lecture élastique, en fait.


Les prolongations ont lieu jusqu'au 25 Mai 2009 et il reste encore quelques places disponibles.