Le coffret DVD (un grand merci à Chez les filles) en dit déjà beaucoup sur le film : il s’ouvre comme un bloc-notes, premier rappel de la texture du film, celle d'une enquête, que chaque spectateur va à son tour découvrir, sur le vif.

Les avantages de l’animation, pour raconter l’irracontable, sont nombreux, se délivrer du réalisme de la guerre étant sans doute le plus important, le cinéma ayant vocation à inventer plutôt qu’à ressasser.
L’animation, fluide et proche du style bande dessinée, prend son envol dans les scènes de mer, bercées par le bruit des vagues.
Le souvenir d’Ari Folman, qui revient plusieurs fois dans le film est sans doute la scène la plus belle, silencieuse et surréelle, comme si ces jeunes soldats dans l’eau se réveillaient, et gagnaient la plage sans trop savoir s’ils sont encore vivants ou simplement fantômes.

Opposée au feu et à la lumière, dévastateurs, l’eau reste un symbole féminin de pureté et de calme pendant l’ensemble du film. Une déesse bleutée vient sauver dans son rêve un jeune soldat des flammes, un jeune soldat échappe à la mort en quittant une plage ennemie à la nage. Rien de plus naturel, alors, pour Ari, d’avoir cet unique souvenir, dans l’eau, dans la sécurité.

A un style visuel lumineux et mélancolique s’associe une bande son éclectique, de la musique classique au rock « Enola Gay », avec, à chaque fois, une nouvelle profondeur donnée aux images.

Mais que dire de la fin de Valse avec Bachir… Que penser du passage de l’animation aux images documentaires réelles cette fois.
Valse avec Bachir n’avait-il donc pour finalité que ce devoir de mémoire, rabâché déjà des dizaines de fois ?
L’animation serait-elle trop faible et imaginative pour parler de la guerre, pour parler de la mort, pour émouvoir les spectateurs ? Pourquoi la confection d’un esthétisme aurait-il comme finalité le retour à la réalité ?
Valse avec Bachir a su évoquer la guerre dans la poésie et le surréalisme, pour mieux, ensuite, céder au devoir de mémoire, qui, il faut le dire, a, au cinéma, depuis plusieurs années, la cote.