Des questions de communication, par le dialogue, des questions de langue, aussi. Car la langue est le premier atout du film : spontanéité et dynamisme du langage, dialogue constant, tentative de différenciation entre les langages soutenus, courants et familiers.
Au niveau du dialogue, la référence à La République, à la toute fin du film, donne une clé de lecture : François, le professeur du français, n’est-il pas un Platon des temps modernes ? Celui par qui certaines questions sont résolues, celui par qui, de la même manière, l’aporie peut survenir, sous les traits, par exemple, de l’exclusion d’un élève ou d’un mot prononcé plus haut que l’autre.
Entre les murs propose également un brassage culturel et comportemental à la fois positif et explosif : dans la classe se côtoient des asiatiques, des algériens, des français de métropole ou des DOM TOM, des Africains préoccupés par la CAN (Coupe d’Afrique des Nations).
Chacun des personnages a sa personnalité bien à lui, si bien que dans ce long huis clos, qui passe sans que le spectateur s’ennuie, l’exercice de l’autoportrait devient l’unique moyen de connaître un peu mieux, en dehors de l’école mais par les mots, chacun des élèves.
Professeur et élèves sont logés à la même enseigne : entre les murs, et avec la nécessité de se connaître mieux, des deux côtés. Ainsi, la demande de travail sur l’autoportrait suit des questions personnelles posées par les élèves sur, par exemple, l’orientation sexuelle de leur professeur (François Bégaudeau) !
Le film Entre les murs a un dernier charme : c’est la spontanéité des acteurs et la tonalité jamais artificielle et toujours vraisemblable.
Enfin, pour les curieux et les nostalgiques du collège, le film donne l’occasion de découvrir ce qui se passe hors des classes : salle des enseignants, bureau du proviseur, conseil de classe, conseil de discipline.
Seul bémol donc, l’évasion n’est pas au rendez-vous… Mais le titre le laissait déjà présager.
Note : 7/10
Entre les murs est déjà le film du moment. J’ai donc préféré proposé la Belle Personne de Christophe Honoré dans mon encadré sur la page d’accueil. Ce film, d’abord diffusé sur Arte a ensuite bénéficié d’une sortie en salle. Son parcours original et sa qualité méritent que le spectateur s’y risque.
03
oct.
Entre les murs de Laurent Cantet
Par Ariane le vendredi, octobre 3 2008, 13:19 - Films à l'affiche
Palme d’or, battage médiatique : difficile d’aller voir Entre les murs sans avoir déjà sa petite idée du film, c’est à dire l’idée des autres.
Une fois passés les multiples débats au contenu déjà épuisé (le film vaut-il la palme d’or, l’esthétique est documentaire mais il s’agit d’une fiction : quelle tromperie, cela se passe-t-il vraiment comme cela dans certains collèges, le film réhabilite-t-il les collèges difficiles), le plus intéressant arrive, car le film pose de vraies questions.
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Commentaires
j'hésite encore
et je ne suis pas sure d'aller le voir même si l'histoire m'intéresse. Je vais plutôt essayer le lire.
Je l'ai vu la semaine dernière. Et je me suis ennuyée. Surtout à la fin.
J'ai trouvé ce film trop long, j'avais l'impression de voir un documentaire et de ne rien voir de nouveau. Et puis le prof a une légère tendance à m'exaspérer : le fait qu'il trouve des excuses à ses élèves qui dépassent les bornes, son côté "sauveur des élèves", je ne supporte pas.
Mais ce film a eu au moins un côté positif : j'ai appris de nouvelles expressions en provenance directe du langage de la rue (même si parfois je n'ai pas tout compris).
Je suis contente d'avoir un avis personnel de quelqu'un d'autre sur le film, qui en plus est différent du mien.
Le personnage du prof ne m'a pas exaspéré, d'autant que finalement s'il essaye de sauver son élève c'est en partie, je pense, parce qu'il se sent un peu responsable (l'insulte "petasse" qui a peut-être déclenché la bagarre).
Tu as de la chance, ça n'arrivera pas tous les jours, vu que je dois aller au cinéma à peu près 2 fois par an (les années où je suis en forme).
Si je me souviens bien, l'attitude du prof m'énervait déjà avant l'épisode de l'insulte (et puis je me demande, pourquoi ne pas intervenir au moment du conseil de classe plutôt que faire des reproches ensuite? c'est pas très logique, en tout cas ça ne correspond pas à ma logique). Et j'ai vraiment eu du mal à partir de ce moment-là.
Surtout que j'ai passé une bonne partie du film à m'inquiéter pour une copine qui va devoir aller bosser comme prof de français en zep l'an prochain. Et j'ai un peu peur pour elle.