Tout commence par les malheurs de Palomita pour qui, décidemment, ce n’est pas la journée : elle quitte sa place de gogo danceuse, prête à changer de vie, mais se fait presque renverser au bord de la route, et finit à l’hôpital avec une jambe en moins, peu après sa rencontre avec trois morts vivants.
Plus généralement, chacun des personnages plonge au fond du gouffre. Et pourtant, on rit. On rit, car le film s’amuse, entre absurdité et exagération, à construire un monde où l’humour est indétachable de l’horreur.
Le médecin essaie de tuer sa femme ? Il ne parvient qu’à anesthésier ses deux mains (handicapant lorsqu’il s’agit de fuir les morts vivants en prenant sa voiture).
El Wray n’écoutant que son cœur s’engouffre dans l’hôpital pour sauver Palomita de ce nid à morts vivants : « debout on s’en va »… C’est sans compter la jambe en moins.

Le gore est au rendez-vous : personnages découpés en morceaux, liquide rouge un peu partout, déformations des visages, hurlements de terreur.
L’important n’est pas l’intrigue (l’explication du phénomène mort-vivant ressemble au seul défaut du film), mais les personnages féminins et cette atmosphère poisseuse, entre la sauce barbecue parfaite et l’amoncellements de cadavres éveillés.
Cherry (Rose Mac Gowan) et Dakota Block (Marley Shelton) ; la brune et la blonde, forment un tandem de choc, entre paradoxe et transcendance, seringues anesthésiques et mitraillette.
Car dans Planète Terreur, perdre une jambe n’est pas une tragédie, au contraire. Le manque éveille les possibilités guerrières de Cherry, dont la patte est vie remplacée par une mitrailleuse dévastatrice.
Les hommes ne sont pas à leur avantage : un restaurateur obsédé par la sauce parfaite, un général guidé par la vengeance (Bruce Willis n'a pas vraiment hérité du héros cette fois-ci), ou encore un soldat violeur joué par Quentin Tarantino. Emotion absente, pourrait-on penser, à tort…
Le dénouement, entre kitsch et cliché parvient à émouvoir.