Qu’y a-t-il de drôle dans Astérix aux Jeux Olympiques ? Peu de choses… Je sauve du naufrage et des pirates la scène du rêve avec la formation tortue façon animale, l’amusante comparaison d’un stand de formule un et d’un stand de course de char, quelques mots ou idées par-ci par là : Numérodix, le goûteur de bain et de miroir. Quelques bouchées, pas mauvaises. Mais il faut tout manger, surtout au cinéma… C’est rare de ne pas aller jusqu'au dessert, et comme De Funès devant ses huitres et sa choucroute, voilà le spectateur devant son Astérix bien palot. Clovis Cornillac est bien loin de l’interprétation de Christian Clavier… Astérix est seulement fade, dans ce film, et même quelquefois exaspérant. A coté, Gérard Depardieu est magique, émouvant. Benoit Poelvoorde, qui joue Brutus, a peut-être pressenti la fadeur terrible qui s’annonçait : il gesticule, il crie, il hurle. C’est fatiguant. Alain Delon en César, c’est drôle quand il utilise la troisième personne pour parler de lui, mais il faut rendre à César ce qui est à César, Alain Delon ici n’y est pour rien… Il applique, simplement. Trop de personnages alors, peut-être. Le film s’y perd, et échoue à en complexifier même un seul, hormis peut-être cet Obélix décidemment marquant. L’adaptation échoue. Les personnages n’ont pas trouvé la troisième dimension. Que dire d’Alafolix et de la princesse Irina, la femme potiche par excellence… Elle est belle et veut épouser un poète, rien d’autre… Et pire encore, le seul intérêt scénaristique du film tombe à l’eau : c’est Obélix qui écrit les poèmes. Mais la pauvre princesse n’en saura jamais rien et épousera celui qui est beau, parce qu’un poète est beau forcément… Epouser un imposteur sans s’en rendre compte… Et tout est bien qui finit bien…
Les blagues, comme des romains, tombent à plat, à quelques dizaines ou centaine de mètres, tout comme lorsqu’Alafolix tombe dans une flaque d’eau, au tout début, et que le spectateur ne rit pas… L’humour est-il devenu romain ? En tout cas, il ne se relève pas.
Alors il y a des références, pour faire bien et contenter tout le monde. Stop… Regardez Rocco et ses frères, Aladin et Cyrano… Ici, il s’agit simplement de faire du chiffre, du populaire, en visant tout le monde.
Et le long de ce pâté, surgit la cerise sur le pâté : du sucré, du salé, il y en a pour tous les goûts, mais la sauce n’a pas prise. Le prétexte des Jeux Olympiques donne droit à une démonstration de quelques stars populaires du sport : Zidane, Mauresmo, Parker. Toute la clique sportive française s’amène pour montrer sa dextérité et ses talents d’acteurs assez maigres… Un défilé de personnalités sans intérêt aucun, pour clore ce pâté royal, impérial même. Dans la salle, ça ne rit pas vraiment. Ça ne pleure pas non plus. Où sont les émotions ?
Voilà le genre de films qui vous font voir une salle de cinéma autrement : de beaux sièges, un plafond agréable, un projecteur lumineux et amusant. Le spectateur a rarement été aussi peu prisonnier d’un film. Que manger ce soir ? Qu’est-ce que j’ai à faire demain ? Et si je sortais plus tôt de la séance…