Ce soir, c’est la deuxième nuit flamenca, organisée par Nomades Kultur. Deux artistes espagnols vont tour à tour se produire sur cette petite scène à deux pas du public : Juan Carmona et Maria Del Mar Moreno. Aucun n’est seul sur scène, il s’agit en réalité de groupes.
Juan Carmona, en solo d’abord, nous accueille avec sa guitare. Moment magique… Le Triton disparait pour une nuit étoilée, aux senteurs d’herbes chaudes. La musique coule, mélodieuse, comme une cascade sauvage : elle recule, accélère, ralentit, se métamorphose. Le groupe arrive alors, composé d’un autre guitariste (Paco, le frère de Juan), d’un bassiste, d’un flutiste, d’un chanteur et d’un danseur aux expressions si sérieuses et fascinantes, qu’il est bien difficile de se détacher de ce visage en pleine concentration, et comme possédé. La voix du chanteur nous ramène à des temps ancestraux, la flute semble appeler sur scène des contes remplis de princesses gitanes et la basse, magistralement rythmique est un cœur qui s’emballe. Pour une première approche du flamenco, on ne pourrait pas rêver mieux : entre classicisme et modernité, Juan Carmona Grupo sait partager sa musique avec un public même novice en la matière.
Le groupe Maria Del Mar Moreno, pour la seconde partie de cette nuit flamenca, montre et fait entendre aux spectateurs le flamenco traditionnel. Il chante sa douleur, son amour, elle danse, d’abord de noir vêtue, puis dans une somptueuse robe rouge. Un spectacle fascinant, bien que plus difficile à suivre pour la spectatrice débutante que j’étais ! La danse de Maria, précise et pleine de force, était doublée d’un grand écran, en fond de scène, qui montrait tantôt des gros plans sur ses pas, tantôt sur son visage. L’écran réalisait l’un des rêves du public : voir cet enchainement de pas à la cadence si rapide, au son si reconnaissable. Maria se produit sur scène et dirige sa propre académie de flamenco à Jerez, sa ville natale. On sent ce profil pédagogique quand, à la fin du concert, elle se confie au public (en français !) et partage sa passion.

Merci Julie !